Sobriété : le mot interdit

Dans le vaste panorama des défis climatiques auxquels nous sommes confrontés, Yamina Saheb, co-autrice du dernier rapport du GIEC, tire la sonnette d’alarme : à +3°C, nos fondements socio-économiques vacillent. Nous sommes déjà sur cette trajectoire alarmante. Sa mission : Sauver l’humanité de l’humanité, pas la planète! Prenons le temps de l’écouter attentivement :

🌍 L’inconfortable vérité de la ‘Sobriété’

La sobriété, terme qui englobe la suffisance et la modération, n’est pas qu’un mot mais un mouvement, allumé par le Dr. Yamina Saheb, ingénieure et docteure en sciences sociales. Alors que l’urgence climatique exige un changement de cap crucial, Saheb défend un virage radical de notre trajectoire actuelle vers un mode de vie durable. Voici pourquoi les responsables d’entreprise doivent y prêter attention :

📉Trajectoires non durables : les risques pour les modèles d’affaires actuels

+3°C n’est plus un cauchemar lointain – c’est un futur probable où le commerce ne peut prospérer.

ce sont les décisions d'aujourd'hui et à court terme qui définissent à quel pint les générations actuelles et futures vivront dans un mode plus chaud et différent; Rapport de synthèse Giec, source IPCC 6th synthesis report, Traduction Sydney Thomas pour @BonPote

Ce schéma clé du dernier rapport du GIEC illustre l’impact de nos actions actuelles sur le climat futur en fonction des différents scénarios d’émissions de gaz à effet de serre :

Changement de température globale

Le graphique montre l’augmentation de la température globale depuis 1850-1900. En 2011-2020, la planète était déjà environ 1.1°C plus chaude que les niveaux préindustriels, ce qui signale un réchauffement significatif en cours.

Scénarios d’émissions futures :

Il existe cinq scénarios, allant de « très faible » à « très élevé », qui représentent différents niveaux d’émissions futures et donc différents niveaux de réchauffement. Saheb insiste sur le fait que la sobriété, c’est-à-dire la réduction de la consommation d’énergie et de ressources, est cruciale pour tendre vers les scénarios d’émissions faibles ou très faibles, qui sont nécessaires pour limiter le réchauffement à des niveaux gérables.

L’expérience des générations futures

Le graphique projette comment les gens nés à différentes époques expérimenteront les changements climatiques au cours de leur vie. Par exemple, quelqu’un né en 1980 pourrait vivre dans un monde de +1.5 à +2°C plus chaud à 70 ans, selon les actions entreprises maintenant. Quelles perspectives pour une personne née en l’an 2000 ? Les scénarios pessimistes prévoient une augmentation de température qui compromettrait sérieusement l’espérance de vie.

À +3.5°C, nous sommes confrontés à une Terre dépourvue de vie telle que nous la connaissons, où les modèles d’affaires s’écroulent face à l’absence d’un climat stable. Saheb avertit qu’à un seuil critique de 50°C, les gouvernements s’effondrent et les systèmes économiques que nous connaissons cessent de fonctionner. Ce n’est pas un scénario de « pas comme d’habitude » mais un scénario de « plus d’affaires du tout. »

Saheb met en garde contre l’inaction, qui exposerait même les générations actuelles à des conditions de vie extrêmes.

La continuité du réchauffement après 2100
Le graphique illustre que, selon les scénarios d’émission « élevé » et « très élevé », le réchauffement se poursuivra même après 2100, suggérant un avenir précaire pour les générations futures si des mesures ambitieuses ne sont pas prises.

L’importance des choix actuels :
L’image souligne que l’étendue des changements que les générations actuelles et futures vont expérimenter dépend des décisions prises maintenant et à court terme. Saheb renforce cette idée en expliquant que les choix politiques et personnels en matière de consommation et d’investissement dans les énergies renouvelables façonnent directement ces scénarios.

🛑L’impératif de la Sobriété

Pendant des années, le concept de sobriété a été absent des rapports du GIEC, mais Saheb le réintroduit comme la pièce manquante du puzzle de la décarbonation. Cette approche, profondément ancrée dans les rapports Négawatt des années 1990, postule que nous ne pouvons pas réellement décarboner sans adopter une sobriété dans la consommation.

🌡️Au-delà du traitement des symptômes

Nous attaquons actuellement les symptômes du changement climatique – dans le domaine de la mobilité, par exemple, nous passons au thermique – sans aborder les causes profondes. Saheb démontre qu’intégrer la sobriété permettrait de viser une réduction des émissions jusqu’à 70%. La sobriété n’est pas seulement une stratégie environnementale ; c’est un ensemble complet de politiques publiques conçues pour freiner la demande d’énergie, de matériaux et de ressources naturelles tout en assurant le bien-être humain dans les limites planétaires.

🏢Un nouveau modèle de gouvernance d’entreprise

Le message de Saheb aux leaders d’entreprise est clair : l’avenir est entre leurs mains pour développer de nouveaux modèles économiques durables. En tant qu’entités corporatives, vous détenez les rênes financières pour innover et transformer. Les scientifiques continueront de surveiller et de vérifier la plausibilité de ces modèles, mais leur genèse doit provenir du marché.

🔄Remise en question du statu quo

La sobriété remet en question la pensée néolibérale omniprésente qui entrave la considération sérieuse des modèles économiques alternatifs. Sur les voix dominantes mondiales, seulement une poignée préconise un changement critique, et même parmi celles-ci, la France se distingue presque seule.

🚀Le sommet de la Sobriété et au-delà

Malgré le scénario sombre, Saheb note que le premier ‘Sommet de la Sobriété‘ a eu lieu en mai 2023 et marquera peut être un point de départ pour le discours international sur la sobriété.

📈🌟Conclusion : Vers une stratégie de sobriété impérative

Les dirigeants entreprises sont maintenant appelés à intégrer le concept de sobriété dans le tissu de leur entreprise. Ce n’est pas simplement une considération environnementale ; c’est un impératif stratégique qui définira l’avenir des affaires. Comme le suggère le Dr Saheb, la transition vers la sobriété n’est pas seulement une nécessité environnementale ou sociale ; c’est un impératif stratégique qui définira le futur du commerce.

Sources citées par Yamina Saheb