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Résister, c’est se relier : le dialogue comme acte politique ?

Avant-hier, nous étions plus de vingt, venus des quatre coins du monde, réunis dans une bulle de dialogue. Un espace à contre-courant du tumulte ambiant. Un temps pour ralentir, pour se poser, partager nos récits, pour se parler autrement et explorer ce qu’est pour nous « résister ».

Dans un monde qui se fragmente, où les récits dominants sèment la peur et l’impuissance, résister, c’est peut-être d’abord cela : choisir de se relier.

Choisir le dialogue.
Choisir de tisser, là où tout pousse à couper.
Choisir de faire circuler la parole, quand tout s’accélère.

Sortir du récit de l’impuissance : “à quoi bon ?”

Combien de fois avons-nous entendu cette phrase : « Les gouvernements ne bougent pas, les multinationales polluent, et moi, je suis trop petit. »
Ce récit-là est redoutable. Il nous isole, nous fait baisser les bras.

Pourtant l’histoire le dément. Aucun changement majeur n’est né d’un décret tombé d’en haut. Ils viennent toujours de mouvements, d’élans, de liens. De collectifs.

Rejoindre, c’est déjà agir.

Ainsi, cette bulle, je ne l’aurais sans doute pas lancée sans le coup de pouce de Bénédicte, avec qui j’ai eu la joie de co-animer ce moment.

Des contre-récits pour rallumer la lumière

Ces récits de résistance, partagés dans un cadre de dialogue sincère, ont rallumé des étincelles qu’on croyait parfois éteintes.

Ansi nous avons exploréles récits qui nous aident à tenir debout :

  • Ceux qui nous reconnectent au vivant,
  • Ceux qui nous redonnent le goût d’agir,
  • Ceux qui nous rappellent que résister, c’est rester vivant.

Parmi les mots échangés, certains m’habitent encore :

« Résister, c’est ralentir, dire non, créer des espaces de liens. »
« C’est garder la lumière allumée à l’intérieur. Même minuscule. Même vacillante. »

« C’est comme entretenir le feu sous la cendre, et parfois, souffler doucement pour que ça reprenne. » 

« C’est prendre soin de ses récits intérieurs, même ceux qui ne sont pas encore écrits. » 

Sous la surface : nos croyances invisibles

Comme le dit Jean-Philippe Goux, nos comportements sont la partie émergée d’un iceberg. Ce qui les détermine, ce sont nos croyances – et ces croyances sont elles-mêmes conditionnées par nos visions du monde.

Et nos visions du monde sont, bien souvent, liées à ce que nous croyons de nous-mêmes.

J’ai pris conscience que je doutais de la valeur de ce que je proposais, comme si je ne croyais pas que ma contribution puisse avoir du succès.
La bulle m’a contredite. Et c’était bouleversant.

Changer nos récits intérieurs, c’est déjà une forme de résistance douce, nourrie par le dialogue et la conscience de ce qui nous détermine.

Dialoguer, c’est déjà résister

Dans cette même bulle, je me suis souvenue d’une conversation que je n’ai jamais eue.

Un collègue trumpiste. Moi, étonnée, mais silencieuse. 

Pas de confrontation. Pas de tentative de lien.

Par peur de quoi ?
De ce que j’allais découvrir ?
Et si, derrière son raisonnement radical, il y avait une part de vérité ? 

Oui le système néolibéral détruit la planète. Là dessus je suis d’accord. 

Mais est ce que le chaos est préférable à cette sensation de mort lente ? 

Et si c’était là la question à explorer ensemble, dans le lien ? 

Dialoguer, c’est oser. 

Oser la rencontre. Oser l’inconfort. Oser changer d’avis.
Mais aussi, parfois, oser découvrir ce qui nous relie malgré tout.

Quand la tête et le cœur s’alignent

Emmanuelle l’a dit avec justesse : dans une bulle, on commence par suivre le processus… 

Puis quelque chose bascule. 

On se met à dire ce qui compte.

 On pense avec la tête et le cœur alignés.

C’est rare. C’est beau.
Et ça fait du bien de donner sa lumière sans chercher à éblouir. 

Juste pour éclairer ce qui nous habite et nous meut. Et qui peut inspirer. 

Dans le lien.

Capture d’écran d’une bulle de dialogue réunissant une vingtaine de participant·es venus échanger sur la résistance, les récits et le lien.

Conclusion : une bulle pour mieux agir

Une bulle, c’est un espace pour penser autrement.
Un lieu où l’on peut traverser la complexité sans s’y perdre.
Un espace pour recharger ses forces, rallumer ses récits, s’autoriser à espérer.

Parce qu’au fond, résister, c’est ça : choisir où l’on met son énergie.
Créer ensemble des espaces où la parole circule, où l’authenticité est possible, et où l’avenir redevient un territoire d’invention.

Ces espaces, comme les bulles de dialogue, sont des lieux où résistance, récits partagés et écoute vraie se tissent et se renforcent mutuellement.

Entrevoir un futur dans le lien juste. 

 Et vous ?

Et vous, que mettez-vous derrière ce mot : résister ?
Quels récits vous aident à tenir ?
Quelles conversations ont déjà changé quelque chose en vous ?

Et surtout… quelles conversations seraient nécessaires, aujourd’hui, dans votre organisation, pour la mettre en mouvement ?

Si ce sujet vous touche ou vous concerne, si vous avez envie d’échanger, écrivez-moi. Je serai ravie d’en parler avec vous.

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Evolucio