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En quête de nouveaux récits

Dans cette période de transition, où nous cherchons de nouveaux modèles, il est important d'après moi de se défaire de nos croyances anciennes erronées de façon à inventer plus facilement de nouvelles histoires. Nous manquons d'histoires qui nous inspirent. C'est pourquoi j'ai décidé de traduire cet article de David Wineberg, publié sur Medium , intitulé "Everything we “know” about the rise of Man is wrong", parce qu'il m'a fait découvrir un livre qui nous parle du développement des sociétés humaines en déconstruisant des croyances communément admises. Ce livre s'intitule modestement "L'aube de tout, une nouvelle histoire de l'humanité", par David Graeber et David Wengrow. Apparemment ils parlent beaucoup des peuples premiers, dont nous découvrons la sagesse à l'aube de la catastrophe écologique qui s'annonce. Mon intention, ou plutôt mon espérance, est de contribuer à ce que vous imaginiez de nouveaux modèles sans vous dire "ça ne marchera jamais". Bonne lecture !

Tout ce que nous "savons" sur le développement de l'humanité est faux | par David Wineberg | The Straight Dope | Oct, 2021 | Medium

Depuis 350 ans, il est de notoriété publique que l'Homme est passé de bandes de chasseurs-cueilleurs, à l'élevage,  puis à l'agriculture, enfin à l'industrie. Parallèlement, l'homme a vécu en familles, en tribus, en villages, puis en villes, au fur et à mesure des progrès technologiques. La technologie, troisième analogie, nous a fait passer de l'âge de pierre à la révolution industrielle en passant par l'âge de bronze et l'âge de fer. Tout cela est bien ordonné, bien rangé et clairement distinct. David Graeber et David Wengrow affirment qu'il n'y a aucune preuve de cela. Dans The Dawn of Everything, ils apportent la preuve d'une incroyable variété de styles de vie, de gouvernance et d'activités intellectuelles dans le monde entier et à travers le temps. Ca n'a jamais été une progression en ligne droite. La progression n'a jamais été le résultat de la technologie. Et, ce qui est peut-être le plus étonnant, plus la population était nombreuse, plus il y avait de restrictions, de crimes, de lois ou d'inégalités.
Ce livre est important.
The dawn of everything- A new history of Humanity -  Un livre de David Graeber David Wengrow
Les concepts décrits par les auteurs sont si différents que beaucoup n'ont même pas de nom. Par exemple : "Comment appelez-vous une ville sans gouvernance hierarchisée ?" Il n'y a tout simplement pas de mots pour ce concept et de nombreux autres. Ils ont trouvé beaucoup plus de variété dans notre propre histoire que ce que les scientifiques ont imaginé pour les civilisations extraterrestres de la galaxie. Il est étonnant de voir ce que nous avons essayé et réussi à faire.
La désinformation a commencé au milieu des années 1700, lorsque Turgot, alors étudiant séminariste de 23 ans, écrit à l'auteure des Lettres d'une péruvienne . Il  corrige la vision [de l'auteure, Françoise de Graffigny], insistant sur le fait que la liberté dont faisaient preuve les indigènes péruviens (les sauvages) n'était pas une chose positive, mais le reflet de leur pauvreté. Ce n'est que lorsque la technologie permet aux gens de vivre ensemble dans de grandes agglomérations urbaines que la pauvreté diminue.
Turgot a approfondi cette idée et a fini par donner des conférences sur le sujet. Avec des amis comme Adam Smith, ses idées ont été répétées si souvent et si largement qu'elles sont devenues LA vérité : Toutes les sociétés ont commencé par être chasseurs-cueilleurs et ont progressé à travers des étapes spécifiques et nécessaires pour vivre dans des environnements urbains, grâce à l'agriculture et à la technologie. Cela ne pouvait pas fonctionner autrement.
Mais si ! Bien plus encore:  ça a marché. L'un des aspects positif méconnu des invasions espagnoles et françaises des Amériques est le prisme religieux qui les a accompagnées. Les catholiques ont tout consigné par écrit, apprenant la langue de chaque tribu qu'ils ont rencontrée, décrivant toutes les structures et les nuances de la façon dont ils vivaient entre eux et avec les autres tribus, et comment ils gouvernaient. Apparemment, personne n'avait jamais compilé toutes ces données ethnographiques avant The Dawn of everything. Elles montrent une sophistication étonnante, des approches différentes, et apparemment aucune société ne se ressemble. Nous avons énormément à apprendre de ce qui a été tenté, sans être limité par la progression supposée inéluctable de la société et de la hiérarchie de Turgot. Malheureusement, nous avons fait le chemin inverse, en nous enfermant dans la théorie simpliste de Turgot, tout en rejetant tout ce qui a trait aux sociétés indigènes comme étant trop primitif pour en tirer des leçons. Vous pourriez conduire des camions à travers les lacunes de la littérature.
Un thème commun aux tribus était l'égalité. Pour beaucoup, il n'y avait pas de hiérarchie, pas de police, pas d'autorité. N'importe qui pouvait refuser d'obéir au chef, dont la maison était toujours ouverte à tous, qui accueillait les veuves et les orphelins et qui devait souvent défendre sa position en prononçant les meilleurs discours. Chacun était libre d'aller et venir et de dire ce qu'il pensait.
Parmi les nombreux Blancs qui ont été capturés et adoptés, beaucoup ont noté "les vertus de la liberté dans les sociétés amérindiennes, y compris la liberté sexuelle, mais aussi l'absence de l'attente du labeur constant à la recherche de terres et de richesses". D'autres ont noté la réticence des Indiens à laisser quiconque tomber dans une condition de pauvreté, de faim ou de dénuement". Ils étaient tenus par un sens de l'honneur qui les faisaient accueillir les voyageurs qui passaient dans leurs villages et leurs campements. Les auteurs disent que "Dans la mesure où l'on peut parler de communisme, il a existé, non pas en opposition à la liberté individuelle, mais pour la soutenir." C'est un concept totalement étranger au monde actuel.
Il est bien connu que beaucoup de blancs kidnappés dans ces villages ont choisi d'y rester, et que beaucoup d'autres, après avoir retrouvé la civilisation, l'ont abandonnée et sont retournés vivre leur vie dans la tribu. L'inverse n'a jamais été vrai ; il n'y a aucun cas d'Indiens voulant retourner vivre parmi les Blancs dans leurs villes.
Bien que le livre contienne de nombreux exemples de sociétés du monde entier, la documentation la plus importante provient des Amériques. Un indigène en particulier, un Indien Wendat (Huron) de la région du Michigan appelé Kandiaronk, était un intellectuel brillant, qui rendait les prêtres et les soldats fous en contredisant leur religion et leur société. Ils passaient des heures à débattre avec lui, et un soldat français a fait de ses dialogues un livre (que j'ai immédiatement retrouvé). Ma critique  se trouve ici:  . Vous le lirez plus tard).
Voici comment les Mi'kmaq de Nouvelle-Écosse ont répondu aux critiques des Français : "Ils se considèrent meilleurs que les Français : "car, disent-ils, "vous êtes toujours en train de vous battre et de vous quereller entre vous ; nous vivons paisiblement. Vous êtes envieux et vous vous calomniez sans cesse les uns les autres ; vous êtes voleurs et trompeurs ; vous êtes cupides, et vous n'êtes ni généreux ni bons ; quant à nous, si nous avons un morceau de pain, nous le partageons avec notre voisin.'' Ce qui semble irriter le plus Biard, le chroniqueur, c'est que les Mi'kmaqs affirment constamment qu'ils sont, de ce fait, "plus riches" que les Français. Les Français ont plus de biens matériels, concèdent les Mi'kmaq ; mais eux ont d'autres richesses, plus importantes : le bien-être, le confort et le temps."
Loin d'être de "nobles sauvages", incapables de faire preuve d'analyse ou d'érudition, et d'être des sous-hommes à abattre à vue par les Blancs, les autochtones se sont révélés capables de disputer les envahisseurs. Les prêtres ont eu beaucoup de mal à essayer de les convertir au catholicisme. Ils refusaient de connaître leur place dans la hiérarchie des valeurs européennes. Néanmoins, les récits qui nous sont parvenus dépeignent les indigènes comme des sauvages ignorants, incapables et naïfs à convertir ou à éliminer.
Les auteurs concluent : "Il n'existe pas de forme "originelle" de société humaine. En chercher une ne peut être qu'une question de création de mythes". Tout au long de l'histoire, il y eut des bandes, des familles, des villages, des villes et même des cités avec des populations à six chiffres, tout cela en même temps. Ce n'était pas une progression linéaire. Cela ne reflétait pas l'évolution. Elle ne reflétait pas la technologie. Et elle ne reflète pas l'agriculture.
Les gens ont formé des sociétés en conjonction avec trois libertés fondamentales : la liberté de se déplacer (s'éloigner et vivre seul ou rejoindre un autre groupe), la liberté de désobéir et d'ignorer les ordres, et la liberté de créer ou de transformer les relations sociales (s'engager envers les autres). Selon les auteurs, c'est l'abus administratif de cette dernière liberté qui a amorcé le long glissement vers l'inégalité. L'inégalité n'est pas le résultat de l'agriculture, de la technologie ou des villes.
Une partie importante du livre est consacrée à l'agriculture, car jusqu'à présent, les sciences sociales considéraient qu'il s'agissait d'un centre d'intérêt et d'un objectif de l'Homo sapiens dans le monde entier, et que c'est sa maîtrise qui a permis aux villes de se former.
L'Homo sapiens n'aime pas l'agriculture. Il a fallu des milliers d'années pour domestiquer le blé, un processus qui devrait prendre des années, pas des millénaires. Les gens cherchent toujours la solution de facilité, en l'occurrence, prendre le blé sauvage sur les collines et le planter dans les plaines inondables. L'agriculture de décrue tire parti de tous les dépôts des crues de printemps, laissant l'équivalent de champs labourés lorsqu'elles se retirent. C'est beaucoup moins de travail que de cultiver des champs entiers de blé. C'est la philosophie de l'agriculture par l'observation, en maximisant le rendement pendant que la nature fait le travail nécessaire. "Ce mode de culture néolithique a d'ailleurs connu un grand succès", soulignent les auteurs. L'agriculture a donc pris son essor beaucoup plus lentement qu'on ne le croit aujourd'hui, et n'était pas une condition préalable à la fondation des villes, qui ont vu le jour un peu partout dans le monde, trois mille ans avant que l'agriculture ne devienne une industrie. Lorsque c'était possible, les indigènes l'abandonnaient complètement : "Même dans le sud-ouest américain, la tendance générale pendant environ 500 ans avant l'arrivée des Européens a été l'abandon progressif du maïs et des haricots, que les gens cultivaient dans certains cas depuis des milliers d'années, et le retour à un mode de vie basé sur la recherche de nourriture."
Le résultat était une vie plus facile, avec du temps pour le sport, les festivals et les fêtes. Et les arts. Les Kwakiutl de la côte Ouest des États-Unis et du Canada sont célèbres dans le monde entier pour leur art abstrait et fantastique, qu'il s'agisse de totems géants, de canoës, d'objets d'art de la table ou de bijoux. De nombreuses autres sociétés autochtones sont reconnues pour leurs réalisations artistiques tout au long des Amériques. Leur système de gouvernance a produit une éthique des loisirs, permettant par le respect et le travail avec la nature de fournir suffisamment de nourriture et de vêtements et de ne pas être enchaîné à l'accumulation de biens matériels.
Une centaine de pages plus loin, les auteurs déclarent : "L'hypothèse sous-jacente était que ces Chinois (les Shang) étaient à peu près les mêmes que les agriculteurs néolithiques que l'on imaginait partout ailleurs : ils vivaient dans des villages, développaient des formes embryonnaires d'inégalité sociale, préparaient le terrain pour le saut soudain qui allait entraîner l'apparition des villes et, avec les villes, des premiers États dynastiques et empires. Mais nous savons maintenant que ce n'est pas du tout ce qui s'est passé". Ce qui s'est passé, c'est que toutes les formes de sociétés ont existé en même temps, souvent les unes à côté des autres, sans pollinisation croisée.
Comme le disent les auteurs : "Dire que l'agriculture céréalière est responsable de l'essor de ces États, c'est un peu comme dire que le développement du calcul dans la Perse médiévale est responsable de l'invention de la bombe atomique."
Ce genre de commentaire acide est typique de David Graeber, qui était direct, et cinglant. En voici un autre : "Tout cela commence à faire paraître plutôt stupide l'habitude qu'ont les anthropologues de mettre dans le même sac les notables Yurok et les artistes Kwakiutl en tant que 'éleveurs prospères' ou 'chasseurs-cueilleurs complexes' : cela revient à dire qu'un cadre pétrolier texan et un poète égyptien médiéval étaient tous deux des 'agriculteurs complexes' parce qu'ils mangeaient tous deux beaucoup de blé."
Notons également ceci : "Qui a été la première personne à comprendre qu'on pouvait faire lever le pain en ajoutant ces micro-organismes que nous appelons levures ? Nous n'en avons aucune idée, mais nous pouvons être presque certains que c'était une femme et qu'elle ne serait probablement pas considérée comme 'blanche' si elle essayait d'immigrer dans un pays européen aujourd'hui".
L'attitude de paresse ou d'économie de labeur vis-à vis de l'agriculture se reflète dans de nombreux autres aspects de la vie au Néolithique. La céramique a été inventée bien avant le Néolithique, non pas pour la poterie, mais pour réaliser des figurines d'animaux, de personnes et d'esprits. Les scientifiques grecs ont mis au point la machine à vapeur non pas pour fabriquer des biens en série, mais pour que les portes des temples s'ouvrent et se ferment comme par magie. Les Chinois ont inventé la poudre à canon pour les feux d'artifice, pas pour les fusils. L'exploitation minière ne visait pas à produire de meilleures armes, mais à obtenir des pigments pour la décoration. Les Amérindiens n'ont jamais employé la roue pour le transport ou le travail, mais ils l'ont utilisée pour les jouets. En clair, nos connaissances usuelles sont complètement fausses.
Du point de vue anthropologique, la gouvernance comporte trois aspects : la souveraineté, l'administration (bureaucratie) et la politique héroïque/charismatique. Les différentes villes et États présentaient un, deux ou trois de ces facteurs qui les différenciaient de leurs voisins dans d'autres sociétés. Le livre le montre en examinant les structures des sociétés en Égypte, en Mésopotamie, en Méso-Amérique et en Chine ; c'est une approche valable à l'échelle mondiale. Et ces sociétés se sont construites 3 000 ans avant l'apparition de l'écriture, ce qui remet en cause l'idée que l'agriculture et la technologie ont fait pencher la balance. Plutôt que d'évoluer sur la base de l'agriculture, les villes ont vu le jour tout au long de l'histoire, ont prospéré pendant parfois un millier d'années, puis ont disparu.
Les sociétés peuvent se former autour de héros charismatiques - ou non. Certaines se sont formées autour des femmes, notamment en Crète, où les femmes dirigeaient tout. Pour les Indiens d'Amérique, les femmes étaient les égales des hommes, point final. Les dirigeants pouvaient être choisis par le biais du sport ou de l'éloquence. Ils pouvaient tout aussi bien être destitués. Les nobles n'avaient pas le droit de se marier entre eux. Ils devaient épouser des roturiers, précisément pour empêcher la formation d'une classe d'élite. L'agriculture était une tâche communautaire ; personne ne clôturait les champs et n'affirmait qu'il était interdit d'y pénétrer. Certaines sociétés pratiquaient l'esclavage. Une justice sévère était réservée aux étrangers ; les membres des tribus traitaient les leurs comme des êtres précieux. Certaines sociétés avaient des conseils, d'autres des corvées, où tout le monde, jusqu'au chef, devait travailler à des projets communs. Certaines construisaient des tumulus et des pyramides. Certaines villes étaient célèbres pour leurs fêtes et attiraient des résidents de centaines de kilomètres à la ronde. De nombreuses villes fonctionnaient pacifiquement, sans police ni gardes.
Certes, Il y avait aussi des tribus, des empires, des royaumes et des autarchies enragés où des sacrifices humains étaient régulièrement pratiqués, mais ils côtoyaient des démocraties quasi totales ou des sociétés sans aucun chef. Il y a 3 000 et même 30 000 ans, une variété étonnante de systèmes était en place dans le monde, bien plus variée que celle que nous connaissons aujourd'hui, et beaucoup d'entre eux étaient bien moins restrictifs que les nôtres. Pourtant, nous avons réprimé ce savoir et n'en avons rien appris, pensant que nos ancêtres n'étaient guère plus que des singes qui s'étaient redressés, se frayant un chemin à coups de gourdin vers la survie. C'est pourquoi The Dawn of Everything est important.
Bien que sérieusement monumental, le livre ne se prend pas non plus trop au sérieux. J'aime particulièrement tous les sous-titres, écrits dans un style du XIXe siècle, centrés, en gros caractères, en gras, beaucoup trop longs et tous en majuscules. Ils apparaissent toutes les deux ou trois pages. En voici un typique :
DANS LEQUEL NOUS OBSERVONS COMMENT LES GRANDS
MONUMENTS, LES SÉPULTURES PRINCIÈRES ET
D'AUTRES CARACTÉRISTIQUES INATTENDUES DES
DES SOCIÉTÉS DE L'ÂGE DE GLACE ONT BOULEVERSÉ
NOS HYPOTHÈSES SUR CE QUE SONT LES CHASSEURS
CUEILLEURS, ET  CONSIDÉRONS
CE QUE CELA POURRAIT SIGNIFIER DE DIRE QU'IL Y AVAIT
UNE "STRATIFICATION SOCIALE
IL Y A ENVIRON 30.000 ANS
(L'expression "sépultures princières" fait référence au fait que les archéologues parviennent toujours à trouver des sites de sépulture, avec des squelettes bien habillés entourés de bijoux et d'objets culturels. Lorsque les auteurs ont réfléchi à cette question, ils ont réalisé que ce n'était pas la façon dont ces sociétés enterraient leurs morts. De nombreuses personnes, si ce n'est la plupart, n'étaient pas enterrées du tout. Ces sépultures particulières étaient, à en juger par leurs squelettes, aberrantes. Ils étaient nains ou trop grands, avaient des handicaps physiques et d'autres marques qui les distinguaient comme étant spéciaux, aimés ou appréciés bien plus que la moyenne. C'est ainsi que les humains honoraient leurs célébrités. Ils collectionnaient des objets de valeur pour les ajouter à leurs tombes par respect, et non parce qu'ils appartenaient à la personne).
C'est le quatrième livre de David Graeber dont j'ai fait la critique. Avec les autres, Debt, The Democracy Project (Occupy Wall Street) et Bullshit Jobs, Graeber a prouvé qu'il était si lu, si perspicace, si stimulant, ceci dans des domaines très variés, que c'est un drame  qu'il soit mort quelques semaines après avoir terminé The Dawn of Everything. Il est mort l'année dernière à l'âge de 59 ans, privant le monde de trois décennies supplémentaires de ses attaques sans concession contre les idées fausses, la désinformation, les erreurs et les mensonges purs et simples dans tant de domaines de la vie moderne. C'était un mauvais garçon, comme l'est Noam Chomsky, qui balançait des découvertes et des vérités à gauche et à droite, sans se soucier de la manière dont elles pouvaient offenser l'establishment gouvernemental, militaire ou universitaire.
David Wengrow a passé dix ans à travailler avec Graeber sur ce livre. Ils se sont manifestement beaucoup trop amusés. Les recherches sont, comme j'espère l'avoir transmis, phénoménales. Je n'ai lu aucun de ses autres livres (principalement sur l'archéologie), mais ce livre est si bien fait qu'il est maintenant sur ma liste des auteurs à lire à l'avenir. Ensemble, ils ont découvert tant de choses nouvelles, corrigé tant d'erreurs et comblé tant de lacunes là où rien n'est écrit du tout, que ce livre aurait été le premier d'une série de livres qui auraient complètement réécrit les sciences sociales. Nous ne pouvons que le souhaiter.
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David Wineberg
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(L'aube de tout, David Graeber, David Wengrow, novembre 2021)
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