« Tiens, ça c’est bien une réflexion de Bleus ! » s’exclama un Rouge. Les Verts éclatèrent de rire…
C’est ainsi que je pourrais raconter la récente journée de travail du Conseil d’Administration de l’Association Nationale des Médiateurs (ANM). En effet, pour souder ce groupe qui se voit trop peu et créer une dynamique, nous avons démarré par un jeu, le Diversity Icebreaker. Sorte de jeu-test, non pas de personnalité mais de préférences (« comment préférez-vous fonctionner ? »), il permet de regrouper par couleur, Verte, Rouge ou Bleue, les personnes et de les faire travailler ensemble sur leurs perceptions des autres.
Le côté sympathique de cet outil, c’est son aspect convivial : on réfléchit, avec les collègues qui fonctionnent comme soi, sur ce qui nous caractérise. Très vite, on rit, y compris de ses travers, et dès qu’on se détend un peu (l’animation est conçue pour cela..), on rit également des autres, mais gentiment : car au fond, on s’aperçoit qu’on a besoin des autres couleurs pour faire avancer les choses, parce qu’entre soi, c’est parfois drôle mais cela manque… de vert ou de rouge ou de bleu. L’outil est donc sans jugement, ludique, et drôle. Il conduit chacun à se différencier de l’autre, par conséquent à affirmer sa spécificité. Aucun Rouge au fond ne voudrait être Bleu ou Vert, aucun Bleu ne souhaiterait être Rouge ou Vert et aucun Vert n’a envie de devenir Rouge ou Bleu ! Il aide donc à comprendre les différences et les complémentarités dans un groupe, et permet de sortir des conflits de personnes. Finalement, je comprends que si l’autre m’irrite tant, c’est tout simplement qu’il ne fonctionne pas comme moi…
Ses limites sont les mêmes que celles de tout test : il met les gens dans des boites. Même si ici les boites sont auto-définies (chaque groupe réfléchit aux préférences de sa couleur et à celles des autres), elles n’en sont pas moins des boites. L’individu est à mon avis bien plus complexe que n’importe quelle classification, même basée sur l’étude statistique d’une population nombreuse. Toute étiquette comprend le risque d’être potentiellement simpliste, donc réductrice, par conséquent son impact potentiellement blessant ne doit pas être négligé. Chacun d’entre nous a en effet une vision tout à fait personnelle de « celui qu’on devrait être pour être un bon trois petits points.. » (à compléter selon les occasions, « bon administrateur de l’ANM » par exemple.)
Le Diversity Icebreaker est visiblement issus des travaux des neuroscientifiques sur le cerveau, notamment ceux de Hermann, qui, reprenant les travaux de Paul MacLean, décrit un modèle de préférences cérébrales : chacun de nous, au cours de son développement, apprend à privilégier de façon inconsciente telle ou telle partie du cerveau. Ce que l’outil ne fait pas, c’est de rendre compte des interactions avec les autres membres du groupe, dont l’importance est de mieux en mieux établie par les neurosciences (voyez les travaux récents sur les neurones miroirs), même si l’animatrice nous prévient que selon le groupe qui nous entoure, nos résultats au test seront différents.
De fait, et sans surprise par rapport aux résultats du HBDI, un premier test dans un premier groupe m’a montré que j’étais Verte, et le deuxième dans ce groupe-là me l’a plus que confirmé, il a fait explosé les compteurs ! Les Verts, ce sont les visionnaires, les explorateurs, les créatifs, les artistes, les innovateurs… bref, tous ceux grâce à qui vous participerez peut-être un jour à une telle animation, parce qu’ils prennent des risques pour la nouveauté, au prix parfois de l’efficacité. De bons clients pour les outils de ce genre 😉
Et vous, aimez-vous les outils de ce type ?