Cet article est paru initialement sur le blog de In Principo.
Répondre aux demandes contradictoires et sans cesse en évolution de vos clients, de vos usagers, anticiper les mutations tout en améliorant l’excellence du service autant que votre performance économique, implique de mobiliser pleinement l’intelligence collective de l’organisation.
Si de plus en plus de dirigeants sont convaincus de la nécessité de mobiliser cette intelligence collective pour regagner en fluidité, en agilité, et même anticiper l’avenir et innover en continu, beaucoup s’interrogent sur la manière de la mettre en œuvre concrètement.
Il ne s’agit plus en effet d’appliquer un modèle et de le décliner mais de mobiliser les personnes en dessinant avec eux un cadre permettant de se questionner, de trouver du sens, de changer de posture, de responsabiliser puis de mettre en action le collectif. Emerge alors la question de la facilitation (comment concrètement pratiquer l’art de l’intelligence collective) et du facilitateur (son rôle, sa posture de catalyseur).
Zoom sur 10 clés pour mobiliser l’intelligence collective dans la pratique.
1. Mobilisez sur une intention claire
L’intelligence collective existe à l’état latent dans votre organisation, mais elle n’est pas mobilisée si elle n’est pas activée avec une intention claire. Une intention positive, voire utopique, orientée vers le futur (inventer l’habitat de demain par exemple) est plus mobilisatrice qu’une intention négative (« vaincre notre principal compétiteur ») ou qu’une intention « bateau » (« devenir le N°1 de notre secteur »). Une finalité puissante en cohérence avec la mission de l’entreprise et ses valeurs suscitera la mobilisation.
2. Posez des questions essentielles
Elle se mobilise en associant l’ensemble des parties prenantes à réfléchir aux questions clés qui les habitent. Quelles sont ces questions clés ? Celles qui préoccupent tout le monde ? Quelle est la véritable question cachée au cœur de la question de surface ? Rappelez-vous ce qu’a dit Einstein au sujet de l’importance de la question : « Si j’avais une heure pour résoudre un problème, et que ma vie en dépendait, je passerais les 55 premières minutes à déterminer la question à poser, et une fois que je l’aurais fait, je pourrais résoudre le problème en 5 minutes. ».
3. Réunissez les bonnes personnes
Qui nous faut-il autour de la table pour répondre à cette question ? Qui détient l’autorité sur la question, qui détient les ressources, qui détient l’expertise, qui détient l’information, qui enfin a besoin des réponses à ce problème ou à cette question ? Invitez un noyau représentatif de ces parties prenantes, explorez avec eux l’intention et le résultat attendu. Co-responsabilisés, ils veilleront à l’énergie mobilisée.
4. Invitez et créez l’envie
Cette mobilisation se réalise sous forme d’invitation. Qui dit invitation dit possibilité de refus. Cela signifie que vous allez d’abord partir avec un petit noyau de personnes qui ont envie, y associer ceux qui comptent, ceux qui ont un intérêt dans le sujet choisi et petit à petit vous allez déployez et gagner l’ensemble de l’organisation. Mettez des challenges, améliorez constamment, utilisez les principes de la viralité, racontez des histoires, donnez envie.
5. Construisez un langage commun
Ce faisant, le collectif construit ensemble un corpus de connaissance et un langage commun sur ces thématiques clés. C’est la condition première d’un vrai dialogue : parler le même langage pour être certain qu’on parle tous de la même chose. Construisez des référentiels communs autour de vraies conversations, soutenez l’apprentissage en équipe.
6. Mobilisez dans l’action
La co-création ne se fait qu’autour de sujets concrets, autour desquels de vraies questions existent, elle se réalise dans l’action. Fournissez le cadre qui va permettre aux initiatives d’arriver à maturité. Soyez transparents dès le départ sur les processus de validation ou de sélection.
7. Faites co-exister motivations individuelles et motivations collectives
Prenez un temps pour explorez toutes les pistes : pour une vraie mobilisation de l’intelligence collective, motivations individuelles et motivations collectives doivent être en mesure de co-exister. C’est sur cette base que se fera la richesse des conversations et donc des initiatives qui en découleront.
8. Partagez l’information et apprenez
Mettez en place le moyen d’apprendre collectivement au fur et à mesure de l’avancée : récoltez les histoires ou plutôt offrez des plateformes, des supports, des moyens pour que chacun, chacune, chaque groupe, chaque projet puisse partager ce qui se passe et puisse recevoir des avis, des conseils d’autres personnes concernées ou intéressées.
9. Pratiquez l’intelligence collective régulièrement
Les compétences ne se développent que par la pratique et les compétences collectives ne se développent que par une pratique collective. Entrainez-vous en pratiquant. Variez les rythmes : ralentissez d’abord pour écouter, explorer les signaux faibles, permettre à l’organisation de se regarder fonctionner et de réfléchir à ses fonctionnements. Accélérez pour passer à l’action, ralentissez à nouveau dans les phases d’émergence de nouveaux possibles avant d’accélérer à nouveau dans les phases de convergence.
10. Faites de la place au leadership émergent
Observez les nouveaux types de leadership qui vont émerger et soyez attentifs à la manière dont ils vont s’intégrer dans votre organisation. Offrez leur la place de s’exprimer et de s’épanouir.
Ces dynamiques d’intelligence collectives se mobilisent et s’accompagnent différemment des façons de faire habituelles de l’organisation : elles se facilitent plus qu’elles ne se managent.
Le rôle du facilitateur consiste à garder le cap sur l’intention initiale, tout en étant attentif et ouvert à ce qui peut émerger de nouveau et de totalement inattendu. Il suit le mouvement collectif en jouant le rôle de miroir « vous êtes en train d’aller par là, est-ce vraiment ce que vous souhaitez, ce qui va vous permettre de réaliser ce que vous souhaitez ? ». Il soutient la créativité individuelle et collective sans avoir d’attentes préalables sur le résultat.
Cette nouvelle posture nécessite donc un état d’esprit et des comportements différents de celui habituellement requis pour mener des projets ou des équipes en entreprise. Voici tout un nouveau champ d’intervention qui s’ouvre pour les organisations qu’il convient d’explorer avec attention.
Pour aller plus loin
Les dynamiques d’Intelligence Collectives, par Christine Koehler et Elisabeth Martini
La page de la formation « Faciliter en Intelligence Collective »