Le 16 mars 2024, le monde a perdu un esprit lumineux et un pionnier du changement organisationnel, Harrison Owen.
La vie d’Harrison fut un voyage remarquable, caractérisée par sa contribution majeure à la facilitation des dynamiques de groupe et à la transformation organisationnelle.
Natif de l’Illinois, il devient prêtre pour l’église épiscopale puis s’engage pour le mouvement des droits civiques et dans le développement de projets communautaires. C’est au Libéria avec le Corps de la Paix (Peace Corps) où il dirige un programme médical régional qu’il observe le pouvoir du cercle dans les délibérations des communautés. De retour aux Etats-Unis, il s’installe comme consultant en développement organisationnel.
Dans les années 80, il observe avec des collègues que beaucoup d’organisations ne suivent pas les modèles de croissance et de développement décrits (et prônés) par la littérature académique mais expérimentent plutôt des changements aléatoires et radicaux . Cette observation, ainsi que son intérêt pour la théorie de la complexité, est à l’origine du premier symposium international sur la Transformation Organisationnelle.
Au cours de la 3eme édition, ayant l’ambition de susciter des conversations aussi passionnantes que celles qui avaient eu lieu autour de la machine à café lors du précédent,il « invente » le forum ouvert ou Open Space Technology (OST). Avec cette approche simple mais particulièrement efficace, il démontre le pouvoir de l’auto-organisation, permettant à des groupes de toutes tailles et de toutes compositions de s’attaquer à des problèmes complexes avec une efficacité et une créativité remarquable. Grâce à sa générosité, le forum ouvert devient une pratique mondiale, utilisée dans plus de 146 pays et touchant des milliers de vies. La seule condition, pour animer un forum ouvert avec succès, disait-il, est d’avoir le cœur ouvert.
Au cours de sa vie, Harrison Owen nous a démontré qu’il est possible de mener les hommes avec une vision et des histoires, d’embrasser la complexité et le chaos avec simplicité, et de placer une confiance absolue dans la dynamique naturelle des groupes pour naviguer vers ses propres solutions. En me remémorant cet héritage, je me sens appelée à poursuivre cet esprit d’ouverture et d’exploration, en gardant mon cœur et mon esprit réceptifs à l’inconnu, avec la volonté de considérer chaque espace comme un espace ouvert et de voir mon rôle comme le gardien de cette ouverture.
Adieu Harrison, Quand c’est fini, c’est fini ! Je souhaite maintenant honorer ta mémoire en invitant chacun de nous à considérer comment nous pouvons, à notre tour, ouvrir toujours plus d’espaces pour le dialogue, la paix et le mouvement naturel de la vie .
Comme tu le disais depuis les événements de la place Tharir, « quel que soit l’endroit où cela se passe, c’est le bon endroit ».