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Une journée avec Otto Scharmer

A l’occasion de la sortie en France du livre d’Otto Scharmer, La Théorie U, Diriger à partir du futur émergent, Génération Présence et SOL France avaient organisé la semaine dernière une journée avec Otto Scharmer à Paris. J’y étais.

Qui est- Otto Scharmer ? Que veut-il ?

Maître de conférence au MIT, fondateur du Presencing Institute, Otto Scharmer cherche à comprendre ce qui met en mouvement les systèmes complexes et les conduit à réussir ou pas leurs processus de changement.  Il a introduit le concept de « presencing », qui, mélange de présence et de ressenti, est un état d’attention particulier permettant aux personnes et aux groupes d’agir sur leur qualité de présence et de s’ouvrir au futur émergent. Pour Otto Scharmer, l’essence même du leadership aujourd’hui consiste à accompagner ce changement de conscience.

Le déroulement  de la journée

La journée a été animée alternativement par les co-organisateurs et par Otto lui-même, selon un processus visiblement très structuré (mais dont Otto Scharmer est tout à fait capable de s’écarter, quitte à ne plus en être la vedette).Un facilitateur graphique, Jarda, a  dessiné la journée au fur et à mesure de son déroulement à partir du fil qu’il en avait saisit. Trois temps ont marqué cette journée : celui de la présentation des concepts, celui de la discussion, puis celui de la pratique.

Jarda, facilitateur graphique

Les concepts

Nous partirons d’un constat, exprimé d’abord individuellement (comment chacun le rencontre à l’intérieur de sa propre vie) puis partagé en petit cercle puis en grand groupe. : celui d’un moment de rupture, un moment où chacun sent que quelque chose est en train de se terminer, de mourir, mais où aussi quelque chose de nouveau est en train de naître, tente d’émerger. Ce partage collectif a donné lieu à une récolte de constats d’une grande richesse, très concrets et ancrés dans la réalité de la société française, très vrais, aussi paradoxaux que vivants.

A partir de là, Otto Scharmer nous a posé quelques questions fondamentales :
•    Comment les parties (par exemple les bribes de connaissances individuelles) se connectent-elles au tout ?
•    Comment aider, conduire, amener à la prise de conscience de l’éco-système ?
•    Quel type de leadership est nécessaire pour y arriver ?

Processus en U

Il nous présente ensuite ses théories, et là je vous renvoie à son ouvrage, ou, si vous parlez anglais, à la vidéo ci-dessous qui en est un reflet fidèle. J’en retiens trois points clés :
•    La qualité des résultats créés dépend du niveau de conscience d’où chacun a opéré.
•    La connexion à l’autre, la prise de conscience, commence à l’intérieur de soi. Elle part de l’observation de brèches, de failles, dans le système qui entoure la personne.
•    Elle ne peut se produire qu’en opérant à partir d’un point différent : « Open mind, open heart, open will », autrement dit : un esprit ouvert, un cœur ouvert, une volonté ouverte.

De tous temps, cette voie est la moins pratiquée, car elle est la plus fréquentée par nos ennemis intérieurs que sont la voix du cynisme, la voix du jugement, et la voix de la peur.
Nous avons ensuite expérimenté par petits groupes l’exploration d’une « situation de  faille », où nous ne savons pas comment faire bouger le système et où le groupe sert de caisse de résonance à la réflexion d’un seul. Les prises de conscience sont au rendez-vous.

La journée se poursuivra par différentes présentations et exercices. J’en retiens, outre les prises de conscience personnelles, les belles images montrant une prestation de Placindo Domingo : l’attitude du  chef d’orchestre, Zubin Mehta, le corps vibrant de musique, parfois totalement présent, parfois laissant le soliste mener l’orchestre mais toujours totalement présent ici et maintenant,  est une image parlante du leadership.


 Plácido Domingo & l’orchestre du Théatre de l’Opéra de Rome, sous la direction de  Zubin Mehta. Extrait  de la zarzuela,  Rome (1990)

Si j’ai beaucoup aimé l’expérimentation à  deux cent personnes de la première phase de la théorie U –la phase initiale de co-construction- , la phase de bilan en fin de journée m’a renvoyé par contraste à ma propre pratique : une phase de bilan collectif a-t-elle un sens avec un groupe qui n’a voyagé qu’une journée ensemble ? Quelle en était la finalité ? Quel impact le changement de facilitateur à ce moment-là a-t-il sur la dynamique du groupe ?

Cependant, cette séquence où je n’ai pas joué le jeu proposé a conduit à des  discussions d’une grande richesse et à de belles rencontres. Preuve s’il en est que le futur émerge souvent du côté où il est le moins attendu

Pour en savoir plus sur la Théorie U (VO anglais) :
video MIT. Capitalism 3.0: An Institutional Revolution In the Making, C. Otto Scharmer

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Evolucio