Pourquoi certaines entreprises – de plus en plus semble-t-il- se lancent-elles dans l’innovation managériale ? Course à l’innovation, mondialisation des échanges, inadéquation du management traditionnel pensé pour la société industrielle que nous sommes en train de quitter et enfin nouveau rôle de l’entreprise dans un monde en crise constituent les nouveaux enjeux des organisations.
Face à une concurrence mondialisée, la survie des organisations repose sur leur capacité d’innovation. Or cette capacité demande de l’ agilité organisationnelle, de s’organiser en petites équipes autonomes, et d’être capable de produire collectivement de l’innovation.
Que devient le manager dès lors que l’on met cela en place ?
Son rôle change : ce n’est plus un chef de bande qui protège et commande, mais un chef d’orchestre qui magnifie la partition de chacun et un leader qui montre la voie et fait grandir en liberté, autonomie et reponsabilité. Quitte à s’apercevoir qu’il ne sert en fait pas à grand chose…ce qui lui dégage du temps, nous y reviendront.
En 2013, les Echos publiaient un article sur l’innovation interne : organiser le dialogue pour innover ensemble. Ce type de stratégie rapporte à la fois en termes de revenus et de satisfaction des équipes, à condition que la direction s’engage en ce sens, communique (et agisse avec) une stratégie claire et compréhensible , mette en place des indicateurs de suivi et implique toute l’entreprise, y compris la direction commerciale. Evidemment, dans une grande entreprise, cela necessite d’aplatir la structure hiérarchique, donc d’améliorer les pratiques managériales.. Et si vous pensiez que l’idée de laisser 20% de leur temps aux ingénieurs pour travailler sur le projet de leur choix venait de Google, et bien, c’est faux : ce type de pratique existait chez 3M en 1948 ! (Même si leur capacité d’innovation ne provient pas uniquement de là : en effet, l’invention des post-its vient d’une erreur de colle. Mais ceci est une autre histoire..)
Pixar est un magnifique exemple de pratiques conduisant à l’innovation au quotidien. S’entrainer et avoir le droit à l’erreur sans engloutir l’entreprise, sortir et chercher ailleurs de l’inspiration et de l’exactitude, analyser franchement (en recommandations internes ou retours d’expériences après les grands projets), ajuster de manière authentique au quotidien et enfin plancher avec l’ensemble des collaborateurs sur un problème complexe précis nécessitent de nouvelles formes de dialogue : simples, ritualisées, intégrées dans le quotidien, pensées collectivement.
Je ne m’étends pas sur la mondialisation des échanges qui permet à une entreprise de l’autre bout de la terre de surgir et de s’attaquer tout à coup au marché que vous considériez comme le votre. Si vous n’êtes pas encore concerné, vous le serez demain, il est dès lors inutile de faire l’autruche.
Ceci nous amène à regarder une autre facette de l’impact du digital sur les organisaions : celui qui touche l’organisation elle-même, du fait des nouveaux usages internes. Autrement dit, dans une société digitale, comment s’organise-t-on au moindre coût ?
Le digital génère un nouveau mode hiérarchique, différent de l’organsiation en silos ou matriciel : celui des hiérarchisations horizontales. Groupements professionnels, communautés de pratiques constituent les exmples évidents de ces nouvelles « wirearchy » (de « wire » = cable) qui tissent de nouveaux liens tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des organisations. Ces nouvelles hiérarchies fonctionnement avec leurs propres codes de pouvoir qu’il nous faut apprendre : celui des influenceurs..
Cet article de Dominique Turck sur Bootzone pose bien les questions soulevées par ce mode de hiérarchie.
Ainsi aujourd’hui du fait de l’accessibilité potentielle de l’information, il devient illusoire de penser que certains puissent en garder par devers eux comme source de pouvoir. Les jeunes générations sont habituées aux communications directes, fluides, rapides. Tout circule très vite. Mais elles cherchent également un sens à ce qu’elles font. Elles veulent, nous voulons tous, à la fois l’harmonie et le progrès, comprendre le sens de ce que nous faisons et participer. Face à un divorce de plus en plus flagrant entre les « élites » et le « peuple » (je mets des guillemets car cela mériterait moins de racourcis), certains dirigeants d’entreprise se disent que le chemin qui conduit à la réconcialiation passe par la confiance. Et c’est ce nouveau chemin qu’il s’agit à la fois de tracer et de parcourir.
Dès lors, quel est ce nouveau rôle des entreprises dans une société en crise ?
Si hier il y a eu des tentatives d’organisations non verticales comme dans les kibbutz ou dans les sociétés dites « primitives » , peu se sont généralisées chez nous. Mais aujourd’hui, dans une société d’abondance sans potentiel de croissance, où les marchés sont globalement saturés et où la création d’emplois se réduit comme peau de chagrin, et dans laquelle demain l’intelligence artificielle va remplacer l’homme par wagons entiers, alors le rôle de l’entreprise ne peut plus être seulement celui de rémunérer les actionnaires. Il va bien au delà : quel est donc le rôle de VOTRE entreprise aujourd’hui ?
La réponse, pour certains chefs d’enteprise, réside précisément dans la liberté : faire entrer de nouvelles rêgles de démocratie dans l’entreprise permet d’aligner le fonctionnement de nos organisations avec celui de nos sociétés dans ce que nos économies de marché ont de plus précieux : la liberté. Et en mettant en place cette liverté, le sens revient. Et le rôle social aussi.
Voici donc résumé les vidéos du premier module du Mooc innovation managériale de Learn Assembly et Poult ainsi que quelques articles indiqués en lecture complémentaire. On y voit que les raisons pour partir sur le chemin sont variées, parfois peu cohérentes, mais qu’importe. Il s’agit de convictions : ce qui fait sens aujourd’hui pour ces entreprises c’est un rapport au travail diffférent et un rôle social diférent, ce qui signifie un rapport au collectif et à l’humain qui pousse plus loin notre humanité.
Voir aussi
le module d’introduction en images = innovation managériale