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Tout commence alors que j’anime la rencontre du groupe de coaches que je supervise en intelligence collective.
Parenthèse
Je n’aime pas le terme superviser. Superviser, c’est contrôler dans les grandes lignes ce que d’autres ont fait. Beurk. Vous me voyez sur mon mirador ? Ce terme ne reflète pas du tout ce qui se passe dans ce groupe. Pourquoi donc la thérapie et le coaching ont-ils pu reprendre une telle terminologie (1) ?
Certes on observe, on analyse parfois, on donne un avis, mais surtout on travaille en échos et en résonances. Oui, l’idée est bien de grandir en tant que professionnel autour d’un référentiel de concepts et de pratiques. De se sentir aligné, bien avec sa mission, ses clients, ses missions, ses valeurs, ses outils.
Je ferme la parenthèse. Mais tout de même cela a un lien avec mon histoire, on le verra.
Ce matin-là, les questions que se posent ces professionnels sont celles de l’alignement, de l’éthique, de l’énergie.
Face à des situations brutales, agressives, violentes.
Dans ce métier, certaines pratiques, managériales, commerciales ou organisationnelles, sont brutales, agressives, violentes. Des pratiques héritées d’un autre modèle. Ou plutôt d’un modèle obsolète.
Une invasion de sauterelles sur un jeune champs de blé. Des pratiques qui éradiquent, exfolient, anéantissent, emportent tout.
And the winner takes it all.
Alors on parle Peur. Confiance. Inspiration.
Je pense au modèle de la double boucle de Margaret Wheatley et Deborah Frieze.
Ce modèle (using-emergence) parle des changements qui se produisent dans les systèmes sociaux. Dans un secteur industriel par exemple.
Il est inspiré des systèmes vivants.
Parce qu’un système vivant ça émerge, nait - mais pas de rien- grandit, croît, atteint un palier, décroît, meurt. Et oui, ça meurt. Les organisations vivent de moins en moins longtemps.
Dans la phase de croissance, il y a des acteurs qui vont essayer de bousculer le système. Ce sont les innovateurs, ceux qui cherchent toujours à faire autrement.
Et puis un peu plus tard, il y a des vigies, qui sentent le déclin, et travaillent dans l’ombre à la survie du système.
Souvent ces innovateurs sociaux, ces vigies, se font éjecter du système. Ou se retrouvent en marge.
Mince alors. Pas de changement ?
Si. Mais un changement émergent.
Qu’il s’agit alors de repérer, de nommer, de relier, de nourrir et d’amplifier.
Car si nous nommons, relions, nourrissons, amplifions, alors le nouveau système, représenté par la deuxième boucle, peut émerger.
J’aime ce modèle.
Il me plait car je peux l’utiliser à plusieurs niveaux.
Regarder où je veux me situer dans mes accompagnements, quel type de leadership il est important d’accompagner.
Regarder où j’en suis moi-même dans mon propre système. Ce qui me bouscule et essaie de m’éjecter ou de m’emmener ailleurs.
Regarder où je sens que mon écosystème se situe.
L’utiliser avec un groupe pour sentir avec ses pieds où chacun se sent dans l’organisation.
L’utiliser avec un système qui sait qu’il a besoin de se renouveler.
Ces temps-ci, le système global est sur le déclin, c’est criant.
Les pratiques liées à ce système sont encore majoritairement en vigueur.
On appelle encore supervision ces micro-communautés de pratiques qui permettent aux acteurs de l’accompagnement de grandir.
Les clients font encore appel au moins disant. Comme si la seule valeur était celle du prix.
Alors parfois on doute. Je doute. Même du modèle.
Alors je cherche. Je tâtonne. Je trouve bien entendu. Je retrouve confiance.
Partout de nouveaux systèmes apparaissent.
Les accompagnateurs participent à la construction de ponts.
Les processus d’accompagnement basés sur l’émergence se développent.
Je pense au Ulab. Aux bulles de dialogue. A l’auto-organisation des systèmes vivants. A la puissance des histoires.
A l’émergence de ces nouvelles consciences
A la puissance des communautés.
Et vous ? Où voyez-vous émerger le nouveau système ? Comment l’accompagner vous ?
Sources
(1) La supervision de la pratique clinique : définitions et questionnements, Dana Castro, Marie Santiago Delefosse, Valérie Capdevielle-Mougnibas, Le Journal des psychologues 2009/7 (n° 270), pages 45 à 48
